son est certainement un aliment liquide ; la même substance peut fournir à boire et à manger, selon les diverses manières de l’envisager ; le lait condensé sert d’aliment, le lait liquide sert de boisson. Je ne veux point présentement chercher d’autres exemples ; il me suffit de dire que la même substance peut donner deux espèces d’aliment. Le lait seul suffit pour nourrir les petits enfants ; il les désaltère et les nourrit. « J’ai à manger, dit le Seigneur, d’une nourriture que vous ne connaissez point ; ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé. » Voici donc encore une autre espèce de nourriture, allégorique comme le lait, la volonté de Dieu.
Bien plus, il a donné le nom de calice aux souffrances destinées à sa passion ; à ce calice amer qu’il devait boire seul et jusqu’à la lie. Ainsi la nourriture de Jésus-Christ, c’était l’accomplissement de la volonté de son Père. À nous autres qui sommes enfants, à nous autres qui suçons en quelque sorte le lait du Verbe, le Christ est notre nourriture. Les Grecs se servent du mot masnusai, pour exprimer l’action d’un enfant qui cherche la mamelle de sa mère. Nous ressemblons à ces enfants, lorsque nous recherchons le lait du Verbe, dont la tendresse pour nous est inépuisable. Enfin le Verbe déclare lui-même qu’il est le pain des cieux : « En vérité, en vérité, je vous le dis, Moïse ne vous a point donné le pain du ciel ; mais mon Père vous donne le véritable pain du ciel ; car le pain de Dieu, c’est celui qui est descendu du ciel et qui donne la vie au monde. Le pain que je vous donnerai est ma chair, ma chair que je donnerai pour la vie du monde. » Remarquez ici le mystère de ce pain que Jésus-Christ appelle sa chair. Comme un grain de blé est ensemencé, et pourrit avant de s’élever en épi, de même elle sortira du tombeau. Elle sera également une nourriture qui comblera l’Église de joie, comme le blé, lorsqu’il se trouve transformé en pain par la cuisson.
Mais nous traiterons plus ouvertement de cette matière au livre de la résurrection. Le Seigneur a dit : « Le pain que je vous donnerai, c’est ma chair. » Or, la chair est arrosée par le sang, à qui l’on donne allégoriquement le nom de vin. Il