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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/321

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comparant à un grain de moutarde qu’on sème, et qui devient un grand arbre, a exprimé d’une manière admirable la nature et les effets merveilleux de sa divine parole. Sa parole, semée dans les cœurs, y germe, y croît, y grandit, les remplissant des lumières de la raison et de la magnificence de la sainteté, tandis que, par la mordante âcreté de ses reproches, elle les guérit et les purifie des souillures du péché. Comme le miel, par son trop de douceur, produit la bile ; comme le trop de bonté engendre le mépris qui devient l’occasion du mal, la moutarde, au contraire, par sa bienfaisante amertume, diminue la bile, c’est-à-dire la colère, détruit le flegme, c’est-à-dire le faste et l’orgueil. Les âmes nourries de cette divine parole brillent donc d’une santé éternelle et toujours égale. Le Verbe se servit d’abord de Moïse pour remplir son office de Pédagogue ; plus tard, il se servit des prophètes. Moïse est lui-même un prophète. La loi est comme un maître sévère pour les enfants révoltés que le frein a peine à retenir. « Rassasiés, dit l’apôtre, ils se levèrent pour se réjouir. » Le mot grec dont l’apôtre se sert pour exprimer rassasiés signifie aussi remplis de foin. Il emploie ce terme à dessein, afin de faire sentir que leurs aliments étant semblables à ceux des bêtes, leur conduite et leurs jeux l’étaient aussi. C’est pour cela que la loi se servait de la crainte pour les détourner du mal et les conduire au bien. Elle préparait ainsi leurs oreilles à s’ouvrir aux instructions futures du vrai Pédagogue, de ce même Verbe divin qui nous instruit maintenant par la douceur, et qui se prêtait alors à la malignité de leur nature, en les instruisant par les terreurs de la loi.

Les terreurs de la loi ont cessé à l’avénement du Christ. « Le Christ donc, comme l’a dit l’apôtre saint Paul, seul bon, seul juste, seul vrai, Fils et Verbe de Dieu, dont il est l’image et la ressemblance parfaite, est notre unique Pédagogue. Dieu nous a mis entre ses mains et recommandés à ses soins, comme un bon père recommande ses fils à l’amitié de leur frère. » Il nous a en ces termes ordonné de lui obéir : « C’est ici mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toute mon affec-