geons, nous n’aurons rien de plus devant lui, ni rien de moins si nous ne mangeons pas ; seulement nous ne devons pas manger avec les démons, nous qui avons été jugés dignes d’une nourriture divine et spirituelle. « N’avons-nous pas, dit l’apôtre, le pouvoir de manger et de boire, et de mener partout avec nous une femme ? C’est à nos voluptés qu’il faut commander, afin d’étouffer les mauvais désirs. Mais prenez garde que cette liberté ne soit aux faibles une occasion de chute. »
Nous ne devons donc pas vivre d’une manière dissolue et licencieuse comme l’enfant prodigue dont parle l’Évangile, ni abuser des dons de notre père, mais en faire usage. Il faut leur commander constamment ; nous sommes faits pour régner sur eux et non pour en être les esclaves. Rien n’est plus beau et plus désirable que d’élever les yeux en haut vers la vérité et de nous attacher intimement, par la contemplation, à cette nourriture céleste qui ne rassasie jamais ; car la nourriture du Christ nous apprend que c’est là la charité qu’il faut embrasser. Mais c’est la chose la plus honteuse et la plus indigne, de s’engraisser comme une brute, pour préparer une victime à la mort ; de n’avoir que des pensées terrestres et l’esprit toujours occupé de viandes, mettant tout son bonheur à mener une vie molle et délicate, comptant la bonne chère pour le souverain bien, et faisant plus de cas d’un cuisinier que d’un laboureur. Je ne prétends pas qu’on ne doive avoir aucun soin de sa nourriture, je ne condamne que l’excès et les mauvaises habitudes qui peuvent entraîner des suites funestes. Il faut donc éviter le luxe, se contenter de peu, ou, pour mieux dire, de cela seulement qui est précisément nécessaire. Si un infidèle vous invite à manger chez lui, et que vous y vouliez aller, mangez de tout ce qu’on vous servira sans vous informer de rien, par scrupule de conscience. « Achetez également, et sans aucune recherche vaine et curieuse, de tout ce qui est exposé en vente au marché. » Tels sont les conseils de l’apôtre. Nous ne sommes donc pas forcés de nous interdire certaines viandes, nous pouvons manger de toutes ; mais il ne faut avoir pour notre manger ni inquiétude ni