Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/341

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grappe prophétique, c’est-à-dire le Verbe, dont le sang mêlé avec l’eau, suivant sa volonté, est le signe de ceux qui de l’erreur sont entrés dans le repos. Le sang entre en mélange avec le salut. Le sang du Seigneur est de deux natures, l’un charnel, qui nous rachète de la mort ; l’autre spirituel, qui nous purifie. Boire le sang de Jésus, c’est participer à l’incorruptibilité du Seigneur. L’esprit est la force du Verbe, comme le sang est la force de la chair. Comme le vin se mêle avec l’eau, l’esprit est mêlé avec l’homme. Ce mélange de l’un et de l’autre, je veux dire du Verbe et de la boisson, s’appelle Eucharistie, qui signifie actions de grâces ; et ce sacrement sanctifie l’âme et le corps de ceux qui y participent avec foi, lorsque la volonté divine a mystiquement mélangé, par l’Esprit et le Verbe, ce divin breuvage qui représente l’homme. L’esprit, en effet, s’y mêle à l’âme, et le Verbe à la chair. J’admire ceux qui choisissent un genre austère de vie, ne boivent que de l’eau, et fuient le vin comme ils feraient la menace du feu, et je recommande aux jeunes gens de l’un et de l’autre sexe de s’en abstenir absolument. Mêler les flammes du vin aux flammes de leur âge, ce serait joindre le feu au feu. De ce mélange naissent des appétits grossiers et sauvages, des désirs ardents, des mœurs brûlantes ; cette pernicieuse influence du vin apparaît même sur leur corps, dont il forme et mûrit avant le temps les organes destinés au plaisir ; leurs mamelles s’enflent, leurs parties naturelles grossissent, leur corps nourrit les blessures de leur âme et les force de s’enflammer. Ils se livrent avec fureur aux mouvements désordonnés qui les emportent et étouffent en eux toute modestie. La pudeur n’a plus de bornes que leur ivresse ne méconnaisse et ne franchisse. Il faut donc s’efforcer d’éteindre, par tous les moyens possibles, les désirs naissants des jeunes gens, en éloignant d’eux ce foyer de menaces bachiques et en leur donnant un remède contraire à l’ardeur qui les dévore, remède qui enchaînera leur âme trop ardente, retiendra dans de justes bornes la croissance des membres, et assoupira les flammes de la volupté qui commence à s’éveiller en eux.