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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/344

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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

nous fassent descendre jusqu’à la honte de l’ivresse. Si personne ne ferme les yeux avant de se mettre au lit, pourquoi bannir la raison avant de nous mettre à table ; la raison ne doit jamais nous quitter, ni cesser un instant de faire son office ; nous devons l’inviter même à notre sommeil. La parfaite sagesse, qui est la connaissance des choses divines et humaines, qui contient et embrasse tout, est la science et l’art de la vie, en tant qu’elle prend soin du troupeau des hommes, et par cette raison elle nous est toujours présente et accomplit sur nous son bienfaisant office tant que nous vivons. Mais les malheureux qui bannissent toute tempérance de leurs repas, se persuadent que les folles joies auxquelles ils se livrent constituent une vie heureuse, et cette vie n’est qu’une longue débauche dans le vin, l’ordure et l’oisiveté. Vous en pouvez voir quelques-uns, demi-morts, chancelants, couronnés de fleurs comme des amphores, et se passant l’un à l’autre de larges coupes de vin sous un vain prétexte de bienveillance ; d’autres, hébétés par la crapule, tout souillés, le visage pâle et livide, et ajoutant à l’ivresse de la veille encore une ivresse nouvelle. Il est bon, ô mes amis, il est bon que ce ridicule et misérable spectacle nous apprenne à détester ce vice et à régler et épurer nos mœurs, craignant de donner nous-mêmes aux autres ce même spectacle honteux.

On l’a dit avec grâce et justesse : le vin éprouve le cœur des hommes superbes comme l’eau brûlante de la fournaise éprouve le fer. L’excès du vin produit l’ivresse, qui enfante à son tour l’impudence crapuleuse, les dégoûts pesants et pénibles à eux-mêmes, et ces mouvements imprévus de la tête et des membres que la raison ne gouverne plus. La sagesse divine, méprisant cette vie, (si l’on peut appeler vie cette habitude oisive et lâche d’une passion qui éteint toutes les lumières de l’âme), recommande à ses enfants : « Ne sois pas parmi ceux qui s’enivrent de vin et qui se remplissent de viande ; car ceux qui se livrent au vin et qui apprêtent des banquets seront chassés de l’héritage de leurs pères ; la paresse sera vêtue de haillons. Le paresseux est celui qui ne veille point dans la sagesse, et que l’ivresse ensevelit dans le sommeil. Le