les buissons ; mais les mains du peuple infidèle et stérile vers lequel le Verbe étend vainement les siennes, s’y blessent et s’y déchirent. Ce sujet que je traite est tout plein de mysticité ; car lorsque le Créateur tout-puissant de la nature commença à donner sa loi, et qu’il voulut manifester sa puissance à Moïse, il lui apparut en forme de lumière dans un buisson ardent, qui brûlait sans se consumer. De même lorsque le Verbe eut établi sa loi et cessé de converser avec les hommes, il remonta au ciel, d’où il était descendu, avec une mystique couronne d’épines sur la tête ; unissant ainsi les deux époques de la promulgation de sa loi, afin de prouver que c’est un seul et même Dieu, le père et le fils, principe et fin du siècle, qui les a données. J’ai quitté la manière pédagogique pour prendre la dogmatique ; mais je rentre dans mon sujet et je retourne à ma méthode.
Nous avons prouvé que les fleurs peuvent être employées comme remèdes contre les maladies et pour réjouir modérément la vue, et qu’on ne se doit pas priver de l’utilité des parfums qu’elles exhalent. Si quelqu’un me demande de quelle utilité elles peuvent être à ceux qui ne s’en servent point, je lui répondrai qu’on en compose divers onguents dont l’usage est très-salutaire. L’onguent de lis, par exemple, est chaud et apéritif ; il attire, il humecte, il nettoie, il remue les parties subtiles de la bile, adoucit l’acreté des humeurs. L’onguent de narcisse fait à peu près les mêmes effets que celui de lis. L’onguent de myrthe constipe, mais il corrige les mauvaises odeurs que le corps exhale. L’onguent de rose rafraîchit. Enfin, tous ces parfums nous ont été donnés afin que nous en fassions un bon usage. « Une voix me dit : Écoutez-moi, germes divins ; fructifiez comme les rosiers plantés près du courant des eaux ; répandez des parfums comme le Liban, et bénissez le Seigneur dans ses œuvres. » On pourrait dire encore une infinité d’autres choses sur ce que les parfums nous ont été donnés pour nous être utiles et non pour nous aider à nous plonger dans la mollesse et la volupté. Que si l’on veut accorder encore quelque chose à la faiblesse des hommes, il suffit qu’ils jouis-