Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/395

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tantes ; elles sont inutiles et attirent à la corruption de ceux qui s’en parent de justes reproches. Ces vêtements magnifiques n’ont rien de plus que les autres pour défendre contre le froid : je me trompe, ils ont de plus la honte et le blâme des mauvaises mœurs, et ils affaiblissent bientôt la vue par le plaisir trop vif qu’ils lui donnent.

Les hommes d’innocence et de vérité doivent avoir des vêtements simples comme eux, des vêtements qui soient, si je puis m’exprimer ainsi, blancs comme leur âme. « Je regardais, dit Daniel, jusqu’à ce que les trônes fussent placés, et l’Ancien des jours s’assit. Son vêtement était blanc comme la neige. » « Je vis sous l’autel, dit saint Jean dans l’Apocalypse, les âmes de ceux qui ont donné leur vie pour la parole de Dieu et pour lui rendre témoignage, et on leur donna à chacun une robe blanche. » Si l’on veut se servir d’autres couleurs, il faut du moins qu’elles soient naturelles. Les vêtements semblables à des prés émaillés de fleurs ne sont propres qu’à la célébration des bacchanales et des autres fêtes païennes. Laissons-les donc à ces insensés. Les habits de pourpre, les vases d’or et d’argent sont utiles à la pompe des tragédies et inutiles à la vie. N’estimerons-nous pas notre vie plus qu’une vaine pompe ?

Toutes ces innombrables couleurs de mille différentes sortes sont le fruit d’une pensée pernicieuse qui détourne les vêtements de leur usage naturel, comme pour les faire servir seulement au plaisir des yeux. Loin de nous donc tous les habits où brille l’or, où la pourpre éclate, où flottent les plumes, où la richesse des couleurs se mêle à celle des parfums, et sur lesquels sont imprimées les trompeuses images des fleurs, des plantes et des animaux ! Loin de nous ces vêtements impurs, et l’art corrupteur qui les produit ! Qu’y a-t-il de sage et de beau dans ces femmes chargées de fleurs et imprégnées de fard ? « Ne te glorifie jamais en tes vêtements, dit le sage, ne t’enorgueillis point d’une magnificence illégitime. » L’Évangile ajoute par raillerie de ceux qui se couvrent d’étoffes moelleuses : « Ceux qui sont vêtus mollement habitent les palais des