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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

port avec la vertu, et qui, n’ayant d’autre objet que le corps, donnent au soin d’une vaine gloire ce que nous devrions donner à la bonté et à l’honnêteté. Cet amour, en effet, qui parle au corps de choses qui ne lui conviennent point, tout autant que si elles lui convenaient, cet amour a produit la réflexion du mensonge et l’habitude de la ruse ; ce n’est point l’honnêteté, la simplicité, la haine de la dissimulation, la véritable enfance, qui sont ses fils ; mais le faste, l’arrogance, la mollesse et les impures voluptés. Mais les femmes dont je parle obscurcissent leur véritable beauté et l’accablent sous le poids de l’or ; elles ne comprennent pas combien est grand le crime qu’elles commettent contre elles-mêmes en se chargeant d’innombrables chaînes, coutume insensée, qui rappelle celle de ces barbares qui attachent les criminels avec des chaînes d’or. Ces femmes me semblent envier le sort de ces captifs. Leurs colliers et leurs bracelets ne sont-ils pas de véritables chaînes ? Sans doute, et les Athéniens mêmes leur en donnent le nom. Pourquoi donc, ô femmes, mondaines, cet amour frivole et insensé de la parure ? Prenez-vous plaisir à paraître enchaînées ? Si la richesse de la matière en efface la honte, qui en effacera le vice ? Quand je les vois ainsi s’enchaîner volontairement, il me semble les voir se glorifier des calamités de leurs richesses. Le poëte qui nous peint Vénus surprise en adultère, et retenue dans des liens précieux, nous a voulu faire entendre peut-être qu’ils sont les emblêmes et les signes de ce crime. Du moins il raconte que ces liens étaient d’or. Les femmes n’ont pas honte de revêtir les symboles même de l’esprit malin. Si Ève fut séduite par le serpent, elles le sont par de riches parures ; c’est l’appât dont le serpent se sert pour les entraîner à leur honte. On en voit qui se parent de figures de serpents et de murènes. Les poëtes comiques, Nicostrate et Aristophane, ont fait à l’envi, pour les couvrir de honte, le dénombrement de leurs innombrables parures. Mais je m’indigne et me lasse de le répéter, ne comprenant pas même comment elles ne succombent pas sous le poids. Que de soins inutiles ! quelle gloire frivole et insensée ! Elles prodiguent