leur Confession de foi fut dressée, le Socinianisme n’était pas encore prêché en Angleterre ; mais en 1719, et même dans le siècle précédent, il y avait fait beaucoup de progrès. Les théologiens anglicans, dans leurs disputes avec ces sectaires, avaient éprouvé qu’il était impossible de les convaincre par l’Écriture-Sainte ; ils sentirent donc la nécessité de recourir à la tradition, pour prendre le vrai sens de l’Écriture. Ainsi ont-ils fait grand usage de l’autorité des Pères, pour expliquer les passages dont les Sociniens abusaient ? Nous leur demandons pourquoi les conciles et les Pères postérieurs au cinquième siècle n’ont plus la même autorité que les précédents, et pourquoi ils n’admettent que tous les dogmes et tous les usages qui sont prouvés par la tradition des cinq premiers siècles. Aussi les Luthériens et les Calvinistes reprochent-ils aux Anglicans cette inconséquence ; ils disent que la religion de ces derniers n’est qu’un demi-papisme.
3°. Mais eux-mêmes n’ont pas pu éviter cet embarras ; toutes les fois qu’ils se sont trouvés aux prises avec les Sociniens, ils ont vu qu’ils ne gagnaient rien en citant l’Écriture-Sainte à des adversaires auxquels ils avaient appris l’art de se jouer de tous les passages. Lorsqu’ils ont voulu alléguer le sens que les Pères y ont donné en disputant contre les Ariens, les Sociniens leurs ont demandé si, après avoir rejeté la tradition, ils la reprenaient pour règle de leur foi. Socin lui-même convenait que, s’il fallait la consulter, les catholiques avaient gain, de cause ; il est donc prouvé que, sans cette sauvegarde, les hérétiques renverseraient bientôt les articles les plus essentiels du Christianisme. « Nous reconnaissons, dit Basnage, que Dieu ne nous a point donné de moyen infaillible pour terminer les controverses qui naissent… Il faut, selon saint