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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.


CHAPITRE II.

Du mépris des vaines parures.


Ce n’est donc pas notre corps, mais notre âme, qu’il faut orner, quoiqu’on puisse dire aussi que la chasteté est l’ornement de la chair. Les femmes que le soin de leur beauté extérieure préoccupe seul, ne s’aperçoivent pas que, tandis qu’elles parent leur corps, leur âme demeure inculte, horrible et stérile. Tels sont les temples des Égyptiens : des bois sacrés, de longs portiques, des vestibules spacieux vous y conduisent ; d’innombrables colonnes en supportent le dôme élevé ; les murailles, revêtues de pierres précieuses et de riches peintures, jettent de toute part un éclat qui vous éblouit. Rien ne manque à cette magnificence. Partout de l’or, partout de l’argent, partout de l’ivoire. Vous vous étonnez justement que les Indes et l’Éthiopie aient pu, pour y suffire, produire assez de richesses. Cependant le sanctuaire se cache encore à vos regards sous de longs voiles de pourpre brodés d’or et de pierreries. Si, tout plein de ce grand spectacle, vous en rêvez un plus grand encore, et que, vous approchant, vous demandiez à voir l’image du Dieu, pour qui un temple si magnifique a été construit ; si alors, dis-je, un des sacrificateurs qui l’habitent, vieillard au visage grave et vénérable, vient au chant des hymnes sacrés, soulever le voile du sanctuaire comme s’il allait vous montrer un Dieu, un sentiment amer de mépris succède dans votre âme à votre admiration trompée ; ce Dieu puissant que vous cherchiez, cette magnifique image que vous aviez hâte de voir, c’est un chat, c’est un crocodile, c’est un serpent, ou tout autre monstre semblable, indigne, je ne dirai pas d’habiter un temple, mais dont la seule demeure doit être l’obscurité des cavernes ou la fange d’un marais impur. Ce Dieu des Égyptiens est un monstre qui se roule sur des tapis de pourpre. N’est-ce point là l’image de ces femmes qui, toutes couvertes