Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/424

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
360
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

serve à leur lubricité. La volupté, devenue une marchandise publique, a pénétré dans l’intérieur des familles et les a souillées.

Quel horrible spectacle que cet inceste perpétuel ! quels trophées de notre civilisation, que ces hommes et ces femmes couchés pèle-mêle dans des maisons publiques, et attendant des acheteurs ! Quelle effroyable iniquité, et de quelles tragédies ne sont point la source ces détestables désordres ! Les pères, oublieux des enfants qu’ils ont exposés, se mêlent à leurs fils dans leur licence effrénée, et rendent mères leurs filles mêmes. La loi se tait sur leurs désordres, et, se prévalant de son silence, ils appellent facilité de mœurs ce qui est le plus horrible excès de la plus criminelle impudicité. Ils violent la nature, et se croient innocents des souillures de l’adultère. Mais si la loi humaine se tait, la justice divine ne se taira point. Ils appellent sur leurs têtes d’inévitables calamités ; et du même argent dont ils achètent un plaisir passager, ils achètent aussi une éternelle mort. Les malheureux qui trafiquent de ces détestables marchandises couvrent les mers de leurs vaisseaux, et transportent d’une ville à l’autre la fornication, comme le froment et le vin. Ceux encore plus malheureux qui les achètent, font provision de volupté comme d’une nourriture indispensable. Et ni les uns ni les autres ne se souviennent de cette défense de Moïse : « Tu ne profaneras point ta fille jusqu’à en faire une courtisane, et la terre ne se remplira point de fornication et d’iniquité. » Ces paroles prophétiques, prononcées autrefois, s’accomplissent maintenant. Nous le voyons clairement de nos yeux. Toute la terre est pleine de fornication ; toute la terre est pleine d’iniquité. Je ne puis m’empêcher d’admirer les premiers législateurs des Romains, qui crurent juste de condamner à être enterrés tout vivants ceux qui auraient avec les femmes quelque commerce contraire aux règles de la nature. La barbe de l’homme est une beauté libre, simple et naturelle, qu’il est honteux de détruire. C’est lorsque sa barbe commence à pousser que sa figure est le plus agréable. Enfin, c’est sur la barbe d’Aaron que sont versés ces parfums prophétiques dont l’Écriture nous entretient. Celui donc qui est instruit par le Pé-