Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/438

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
374
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

à vous imposer des peines volontaires, vous en serez plus fort pour supporter le poids de celles qui vous frapperont contre votre gré ; et lorsque les craintes et les douleurs inséparables de cette vie vous viendront assaillir, elles ne vous trouveront jamais ni faible, ni désarmé. Pourquoi nous dit-on que notre patrie n’est pas de ce monde, si ce n’est pour nous apprendre à mépriser les biens qui en sont ? De tous ces biens, le seul qui soit solide et réel, c’est la frugalité, parce qu’elle restreint nos besoins au strict nécessaire, et qu’elle mesure nos dépenses dans une juste proportion à nos besoins ainsi restreints.

Nous avons déjà expliqué, dans le livre où nous avons traité du mariage, comment les femmes doivent vivre avec leurs maris, comment elles doivent administrer leur famille, et à quels usages il leur est permis d’employer leurs domestiques. Nous avons dit quelles occupations leur sont propres ; de quelle manière il faut qu’elles agissent envers les autres et envers elles-mêmes ; quel temps enfin est convenable pour songer à se marier. Maintenant à ces instructions il en faut ajouter de nouvelles, et dans notre dessein de décrire exactement toutes les règles de la vie chrétienne, ne point négliger de montrer combien est grande la puissance des exemples pour faire le salut des hommes. Télémaque, nous dit Euridipe, dans sa tragédie d’Oreste, Télémaque ne mit point à mort sa mère Pénélope qui, fidèle à son mari, avait conservé chaste le lit nuptial. Le poëte compare ici la destinée différente de deux femmes, Clytemnestre et Pénélope, dont l’une fut adultère et homicide, l’autre chaste et fidèle à son époux. Les Lacédémoniens, qui avaient une juste horreur du vice de l’ivrognerie, forçaient leurs esclaves à s’enivrer et à paraître devant eux dans cet état, afin que les actions basses et ridicules que l’ivresse leur faisait commettre fussent pour les maîtres un salutaire enseignement qui les empêchât de tomber dans le même vice et de se couvrir de la même honte. Il est des hommes qui ont besoin, pour se bien conduire, de l’influence des exemples ; il en est d’autres d’une nature plus forte et plus généreuse qui embrassent et suivent la vertu, de leur propre mouvement. Ceux-ci sont les plus