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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

qu’elle s’éloigne de ces boutiques empoisonnées au milieu des quelles tant de femmes, ornées comme des courtisanes, consument toutes les heures du jour, préludant à leur prostitution ; que les hommes ne s’y rassemblent pas pour y faire assaut d’esprit, tendre des piéges aux femmes et les exciter à des rires impurs par mille médisances contre le prochain ; que tous les jeux de hasard leur soient en horreur, ainsi que le gain coupable qu’on en retire, et vers lequel tant d’hommes se précipitent avec une folle avidité. C’est l’amour de l’oisiveté qui les a fait naître ; c’est le même amour impur qui les entretient et qui les nourrit. Ces jeux, ennemis de la vérité, remplissent l’âme de tumulte et ne lui laissent plus goûter aucun plaisir simple et naturel. L’âme de l’homme se peint tout entière dans le genre de vie qu’il embrasse. La plus sûre manière de bien vivre, c’est de vivre constamment dans la société d’hommes probes et vertueux. Ceux qui vivent avec les méchants le deviennent bientôt eux-mêmes.

La divine sagesse du Verbe défendit au peuple ancien, par la bouche de Moïse, de se nourrir de la chair de porc, leur voulant ainsi faire entendre qu’il leur défendait la fréquentation de ces hommes qui, semblables à ces animaux impurs, se plongent sans honte dans tous les excès de la gourmandise et de la sensualité, dans tous les désordres d’une chair impudique et corrompue. Il leur défendit de manger de la chair de l’aigle et du milan, et de celle de tous les oiseaux qui vivent de proie, leur interdisant ainsi toute société avec les hommes qui vivent de rapine et de vol. Toutes ses autres défenses renferment de semblables allégories. Il fit plus, il leur indiqua encore allégoriquement ceux avec qui ils devaient vivre, c’est-à-dire les justes. Vous mangerez, leur dit-il, de tous les animaux qui ont la corne fendue en deux et qui ruminent. Cette division de la corne de leurs pieds est le symbole de l’équilibre de la justice. L’homme juste rumine la parole de Dieu, qui est entrée en lui par l’instruction, de la même manière que ces animaux ruminent leurs aliments. Comme ils les ramènent de leurs entrailles dans leur bouche, le juste ramène dans son âme, par