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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/487

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tre maison à l’étranger ; comment, dis-je, observer tous ces préceptes dont la non-observation est menacée du feu de l’enfer, si nous-mêmes ne possédons rien ? N’a-t-il pas ordonné lui-même à Zacchée et à Mathieu, qui étaient riches et publicains, de lui donner l’hospitalité, et loin de leur commander de se dépouiller de leurs richesses, n’a-t-il pas prononcé sur eux cet équitable jugement ? « Aujourd’hui le salut s’est levé sur cette maison parce que celui-ci est aussi un fils d’Abraham. » Il loue donc l’usage des richesses, à condition qu’on en fasse part aux autres ; qu’on donne à boire à celui qui a soif ; à manger à celui qui a faim ; des habits à celui qui est nu, et qu’on ouvre à l’étranger une maison hospitalière. Que si personne, à moins d’être riche, ne peut remplir ces devoirs, et s’il nous ordonne en même temps d’être pauvres pour être sauvés, que fait-il autre chose, si ce n’est d’ordonner et de défendre à la fois ? Donner et ne pas donner, nourrir et ne pas nourrir, distribuer et ne pas distribuer, exercer l’hospitalité et ne pas l’exercer ? Commandement absurde et inexécutable.

Il ne faut donc pas nous défaire d’une richesse qui peut être utile à notre prochain. La nature des richesses est d’être possédées et de secourir. Dieu lui-même les a formées et accommodées à notre usage. Elles sont, entre les mains de celui qui sait les employer, la matière et l’instrument du bien. Si quelqu’un fait un ouvrage d’après les règles de l’art, son ouvrage est bon ; s’il ne connaît point l’art, et qu’il ne l’emploie pas, son ouvrage est mauvais ; mais la faute en est à lui seul, et non pas à l’art, qu’il n’a pas employé. Il en est de même des richesses. Elles ne sont simplement qu’un instrument. En usez-vous avec justice, vos œuvres sont bonnes ; avec injustice, elles sont mauvaises. Leur nature est d’obéir, non de commander. Elles ne méritent par elles-mêmes ni louange ni blâme ; leur usage seul, qui dépend de nous, car Dieu nous a faits libres, détermine leur nature. Ce n’est donc pas nos richesses qu’il faut détruire, ce sont nos vices, qui nous empêchent de les faire servir aux bonnes œuvres et à la vertu. Devenez ainsi probes et pieux, vos richesses et leur usage le devien-