mot soudain. Il ne signifie pas que l’effet a suivi immédiatement la cause.
Toute cause, en tant que cause, n’est conçue que comme productrice d’un effet et s’exerçant sur quelque chose. Productrice d’un effet, par exemple, c’est l’épée qui coupe ; s’exerçant sur quelque chose, c’est-à-dire, sur un objet convenablement disposé, comme le feu sur le bois ; car la flamme ne brûlera pas le diamant. La cause se rapporte toujours à un autre objet. On ne peut en avoir l’idée que par cette espèce d’affinité avec une autre chose. Il faut donc que deux objets se tiennent réciproquement pour que nous comprenions la cause, en tant que cause. Il en est de même de l’ouvrier, du créateur, du père. Une chose n’est pas cause par rapport à soi-même, pas plus qu’un homme n’est son propre père ; sans quoi le premier deviendrait le second. La cause est active, elle affecte. Ce qui est produit par la cause est dans l’état de passiveté et d’affection. Un même objet en remontant à lui-même, ne peut agir et être affecté en même temps, ni être à la fois père et fils. D’ailleurs, la cause a nécessairement sur l’effet qu’elle produit l’antériorité d’existence. Il faut absolument que l’épée précède la blessure. La même chose, ne peut en tant qu’elle est cause, avoir l’antériorité par rapport à la matière, ni la postériorité en tant qu’elle est l’œuvre d’une cause. Il y a une grande différence entre être et devenir. Ainsi la cause est cause de ce qui devient ; le père est la cause du fils. Il ne se peut pas, en effet, que la même chose, en tant qu’identique, soit et devienne en même temps. Rien n’est donc à soi-même sa propre cause. Les causes ne sont pas causes réciproquement les unes des autres, mais bien les unes pour les autres réciproquement. Ainsi l’affection précédente de la rate n’est pas la cause de la fièvre, mais la cause que la fièvre arrivera ; et la fièvre précédente n’est pas la cause de l’affection splénique, mais la cause que le mal s’augmentera. Ainsi les vertus, par leurs conséquences réciproques, s’enchaînent dans un nœud indissoluble ; ainsi les pierres qui forment une voûte se retiennent mutuellement à leurs places réciproques ; mais elles ne sont pas réciproquement les causes les unes