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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/95

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les profondeurs des cieux. De là les hommes et les animaux ; de là les pluies et les feux. » Disons-nous que Dieu soit autre chose qu’une âme, un esprit, une intelligence ? Passons en revue, s’il vous plaît, les opinions des philosophes, et vous reconnaîtrez que s’ils diffèrent de langage, ils s’entendent et s’accordent parfaitement sur le fond des choses pour établir la même idée.

Je laisse là ces anciens d’un génie encore inculte que leurs maximes ont fait appeler du nom des sages. Commençons par Thalès de Milet, celui des philosophes qui parla le premier des choses célestes. Il dit que l’eau est le principe de tout, et que Dieu est cette intelligence qui a tout fait avec l’eau ; mais que cette vertu de l’eau et de l’esprit émanée de Dieu est trop élevée, trop sublime, pour que l’homme puisse y atteindre. Vous voyez que l’opinion du premier philosophe est entièrement d’accord avec la nôtre. Anaximène, et après lui Diogène d’Apollonie, enseignent que l’air est Dieu ; ils le font immense, infini, et sous ce dernier rapport ils ont le même sentiment que nous de la divinité. La description que fait Anaxagore, ce mouvement qu’il suppose imprimé par un esprit infini, convient parfaitement à Dieu. Le Dieu de Pythagore est aussi un esprit répandu par toute la nature, attentif à tout, et d’où tous les êtres empruntent la vie. On sait que Xénophanes définit Dieu, l’infini uni à l’intelligence ; qu’Antisthène assigne des dieux à chaque nation, mais en reconnaît un principal pour toute la nature ; que Speusippe appelle Dieu une certaine force vitale qui gouverne tout. Parlerai-je de Démocrite, le premier inventeur des atômes ? N’appelle-t-il pas Dieu, et la nature qui envoie les images, et l’intelligence qui les reçoit ? Straton aussi appelle la nature, Dieu ; et cet Épicure, qui fait des dieux oisifs, ou plutôt qui les anéantit, met cependant la nature au-dessus de tout. Aristote varie : toutefois il reconnaît une seule puissance et appelle Dieu tantôt l’esprit, tantôt le monde, quelquefois il assujétit le monde à Dieu. Héraclide n’est pas plus fixe ; malgré ses variations, il donne à Dieu une intelligence divine. Théophraste, Zénon, Chrysippe, Cléante,