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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Je le répète, la fréquence du repentir est trop souvent une sorte de complaisance pour le péché, une disposition à la rechute, faute de s’exercer à la pénitence réelle. Ce n’est donc pas la pénitence, mais le semblant de la pénitence, que de toujours implorer son pardon pour des fautes toujours commises. « La justice aplanira les sentiers du juste, » dit l’Écriture ; puis ailleurs : « La justice aplanit la voie de l’innocent. » David lui-même écrit : « Comme un père s’attendrit sur ses enfants, ainsi le Seigneur a pitié de ceux qui le craignent. Ceux qui ont semé dans les larmes moissonneront dans l’allégresse, » dit-il encore de ceux qui, dans la pénitence, confessent le Seigneur. Heureux ceux qui craignent le Seigneur. On trouve, dans l’Évangile, une semblable définition de la félicité : « Ne craignez pas l’homme, quand il multipliera ses richesses et qu’il étendra la gloire de sa maison. À la mort, il n’emportera pas son opulence, et sa gloire ne descendra pas avec lui dans le tombeau. Pour moi, grâce à votre miséricorde, j’entrerai dans votre demeure ; je me prosternerai dans la crainte devant votre sanctuaire. Seigneur, conduisez-moi dans votre justice. » Le désir est donc un mouvement timide de l’esprit, qui nous porte vers un objet ou nous en éloigne ; la passion, un désir exagéré, poussé au delà des bornes, sans frein et rebelle à ce que demande la raison. Les passions sont donc des perturbations contre nature, qui agitent l’âme et la soulèvent contre la raison. La défection, l’égarement et la désobéissance sont en notre pouvoir aussi bien que l’obéissance. C’est pourquoi tout acte volontaire est passible de jugement. Quiconque voudra s’attacher à étudier chacune des passions, l’une après l’autre, trouvera pour conclusion immédiate qu’elles ne sont que des appétits contraires à la raison.

CHAPITRE XIV.
De combien de manières on agit involontairement.

Pour les actes involontaires, ils ne sont pas passibles de jugement. Ils sont de deux sortes : les uns se commettent par