plus tard, lorsque nous traiterons de l’âme : Héraclite donc paraît maudire la génération dans le passage suivant : « Ceux qui sont nés veulent vivre et engendrer pour la mort, ou plutôt ils veulent se livrer au repos du sommeil, et ils laissent des enfants qui mourront après eux. » Il est évident qu’Empédocle est du même avis :
« J’ai pleuré, s’écrie-t-il, et je me suis lamenté en voyant pour la première fois un monde auquel je n’étais point accoutumé. »
Il dit encore :
« La nature nous fait passer par la mort en changeant notre forme. »
Et ailleurs :
« Grands dieux ! qu’elle est malheureuse la race des mortels ! Oh ! qu’elle est misérable ! À quelles discordes et à quels gémissements, pauvres humains, êtes-vous réservés ! » La sibylle dit aussi :
« Hommes sujets à la mort, hommes de chair et qui n’êtes rien. »
C’est aussi l’opinion du poète qui écrit :
« La terre ne nourrit rien de plus misérable que l’homme. »
Théognis également montre que la génération est un mal, lorsqu’il dit :
« De tous les biens, le plus grand pour les mortels est de ne pas naître et de ne pas voir l’éclatante lumière du soleil ; pour celui qui est né, c’est de franchir au plus tôt les portes de la mort, et de se reposer dans la tombe sous un monceau de terre. »
Le poète tragique, Euripide, parle dans le même sens :
« Il fallait nous réunir et pleurer sur l’enfant qui naissait, en le voyant entrer dans cette carrière de maux ; aujourd’hui qu’il est mort, et se repose enfin de ses labeurs pénibles, il faut nous réjouir et le porter au bûcher au milieu de joyeuses félicitations. »
Il exprime ailleurs la même pensée :