Aller au contenu

Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

ses trésors dans la terre, où la rouille et les vers les dévorent. Cette parole s’adresse à lui : « Celui qui amasse de l’argent dépose dans une ceinture percée. » Le Seigneur dit dans l’Évangile, que le champ de cet homme avait rapporté une grande abondance de fruits ; que voulant ensuite les renfermer, et prêt à rebâtir de plus grands greniers, il s’était dit à lui-même, en forme de prosopopée : « Tu as beaucoup de biens rassemblés pour de longues années ; mange, bois, réjouis-toi. Insensé ! lui dit Dieu, cette nuit même on te redemandera ton âme ; et les choses que tu as, à qui seront-elles ? »

CHAPITRE VII.
En quoi la continence chrétienne l’emporte sur celle que s’attribuent les philosophes.

Ainsi donc la continence humaine, telle que la définissent les philosophes, je dis les philosophes de la Grèce, fait profession de repousser le désir sans jamais céder à sa voix dans leurs actes. La continence du Chrétien, elle, consiste à ne pas désirer, non pas à se montrer fort contre le désir, mais à s’abstenir même de désirer. La grâce de Dieu est le seul moyen d’acquérir cette vertu. Voilà pourquoi le Seigneur a dit : « Demandez et l’on vous donnera. » Moïse obtint aussi cette grâce, afin qu’affranchi des besoins du corps, il n’éprouvât ni la faim ni la soif, pendant quarante jours. De même qu’il vaut mieux avoir la santé que de discourir sur la santé dans l’état de maladie ; de même, il vaut mieux être la lumière que de raisonner sur la lumière ; de même enfin, la continence qui émane de la vertu, vaut mieux que celle qu’enseignent les philosophes. En effet, où est la lumière les ténèbres ne sont pas. Mais là où le désir siége seul, bien qu’inactif, il ne participe à aucun acte corporel, cependant, par le souvenir il a commerce avec les objets éloignés. Quant à nous, disons en général du mariage, des aliments et des choses qui leur ressemblent, qu’au lieu de nous laisser conduire par la passion, il faut nous borner au néces-