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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

en premières noces[1] toutefois. « Mais je crains que comme Ève fut séduite par les artifices du serpent, vos esprits ne se corrompent pareillement et ne dégénèrent de la simplicité chrétienne, » dit l’apôtre avec une piété profonde et par forme d’enseignement. Écoutons encore l’admirable Pierre : « Je vous exhorte, mes bien aimés, étrangers et voyageurs que vous êtes en ce monde, à vous abstenir des désirs charnels qui combattent contre l’esprit. Vivez saintement parmi les gentils, car la volonté de Dieu est que, par votre bonne vie, vous fermiez la bouche et ne laissiez rien à dire aux insensés. Vous êtes libres, non pour vous servir de votre liberté comme d’un voile qui couvre vos mauvaises actions, mais pour agir en serviteurs de Dieu. » Paul, dans son épître aux Romains, écrit pareillement : « Une fois que nous sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché ? Le vieil homme a été crucifié dans nous avec Jésus-Christ, afin que le corps du péché soit détruit, etc., etc. » Jusqu’à ces mots : « N’abandonnez pas non plus les membres de votre corps au péché pour servir d’armes d’iniquité. »

Puisque j’en suis là, il me paraît bon de ne point passer outre sans faire remarquer que l’apôtre proclame le même Dieu par la loi, les prophètes et l’Évangile. Car ces mots : « Tu ne convoiteras pas, » qui se trouvent dans l’Évangile, Paul, dans l’épître aux Romains, les attribue à la loi, sachant bien que le Dieu qui a parlé par l’organe de la loi et des prophètes, et ce Dieu que lui-même proclame par l’Évangile, ne sont qu’un seul et même. Dieu. Paul dit, en effet : « Que dirons-nous ? La loi est-elle un péché ? Loin de nous cette pensée ! Mais je n’ai connu le péché que par la loi ; » car je n’aurais point

  1. Quelques écrivains ecclésiastiques des premiers siècles, et plusieurs Églises du littoral africain, ou d’Alexandrie, condamnaient ou du moins improuvaient les secondes noces. Saint Clément, Tertullien et Origène, expriment plusieurs fois cette opinion. L’Église n’a pas sanctionné ce rigorisme, et bénit tous les mariages auxquels on apporte l’esprit de foi et de pureté qu’elle recommande.