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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/287

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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

tice. Ce n’est donc pas la pauvreté en elle-même que le Seigneur bénit, mais celle qui, par amour de la justice, a foulé aux pieds les richesses du monde pour conquérir le trésor véritable. De même encore, il dit : « Heureux ceux qui, par chasteté, se sont gardés purs de corps et d’esprit !

Heureuses les âmes nobles et illustres qui, par une pratique constante de la justice, ont été élevées au privilége de l’adoption, et qui, conséquemment, ont reçu le pouvoir de devenir enfants de Dieu, avec la puissance de marcher sur les serpents, sur les scorpions, et de subjuguer les démons et les forces de l’adversaire ! » Pour le dire en un mot, c’est en s’exerçant aux combats du Seigneur que l’âme arrive à se détacher avec joie du corps, puisqu’en effet elle s’arrache à ses liens pour se transporter ailleurs. « Celui qui aime son âme, la perdra ; et celui qui l’a perdue la trouvera ; » pourvu toutefois que nous étayions notre fragilité sur l’incorruptibilité de Dieu. Or, la volonté de Dieu est que nous le connaissions : par là, nous participerons à son incorruptibilité. Celui donc, qui reconnaît les souillures de son âme au flambeau de la pénitence, perd cette âme pécheresse qu’il arrache au péché, pour lequel il vivait ; mais, après l’avoir perdue, il la trouvera par l’obéissance, puisqu’elle aura reçu de la foi une vie nouvelle, et qu’elle sera morte au péché. Trouver son âme, c’est donc se connaître soi-même. Or, cette conversion qui nous ramène aux choses divines, les Stoïciens disent qu’elle s’opère par une sorte de déplacement, et que l’âme passe du péché à la sagesse. Selon Platon, « l’âme, par un mouvement circulaire, se dégage d’un jour douteux pour s’élever à la lumière. »

Les philosophes aussi accordent à l’homme de bien le droit de quitter la vie, si on entrave tellement tous ses moyens d’action qu’aucune espérance ne lui soit plus laissée. Quant au juge qui recourt à la violence pour contraindre le disciple à renier le Bien-aimé, il ne fait que prouver, ce me semble, quel est l’ami de Dieu et quel est celui qui ne l’est pas. Ici il ne reste plus même de comparaison à établir pour savoir à quoi l’on obéira, de la menace des hommes, ou de l’amour de Dieu.