De ce principe tombe l’objection suivante que nous adresse l’hérésie : « Adam fut-il créé parfait ou imparfait ? S’il fut créé imparfait, comment l’œuvre d’un Dieu parfait est-elle imparfaite, surtout quand il s’agit de l’homme ? Si on dit qu’il fut créé parfait, comment a-t-il violé les commandements ? » Non, répondons-nous à l’hérésie, Adam n’a pas été créé parfait dans ses facultés ; il a reçu seulement l’aptitude à la vertu ; car autre chose est la possession de la vertu, autre chose la possibilité de l’acquérir. Dieu a voulu que nous fussions personnellement les artisans de notre salut. Notre âme a le privilége de se mouvoir par elle-même. Puis, comme nous avons reçu la raison en partage, et que la philosophie s’appuie sur la raison, nous avons avec la philosophie une sorte de parenté. Cependant ne nous y trompons pas, l’aptitude est un mouvement vers la vertu, mais non la vertu. Tous les hommes, je le répète, naissent avec des dispositions propres à l’acquérir ; mais ils approchent de la doctrine et de la justice à des degrés bien différents. De là pour les uns la plus haute vertu, pour les autres quelques vertus seulement. Ceux-ci avaient reçu la nature la plus heureuse ; mais, négligents d’eux-mêmes, l’incurie les égara dans des routes contraires. À plus forte raison, la connaissance, qui l’emporte sur toutes les autres sciences en grandeur et en vérité, sera-t-elle plus difficile à conquérir et demandera-t-elle de longs et rudes labeurs. « Mais ils n’ont pas connu, ce semble, les secrets de Dieu ; ils n’ont pas su que Dieu a créé l’homme dans l’innocence, et l’a fait à l’image de sa propre essence. » Au moyen de cette conformité avec celui qui sait tout, le fidèle, investi de la connaissance, de la justice et de la sainteté, s’efforce avec sagesse d’atteindre à l’âge de l’homme parfait. Actions, pensées, discours, tout est pur dans le véritable Gnostique, comme l’atteste cet oracle du