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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/553

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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

des Écritures, conforme à la sainte doctrine, et telle que la pieuse tradition des apôtres nous la transmet, est le dépôt que nous rendons à Dieu. « Ce qui vous est dit à l’oreille, » c’est-à-dire, dans un sens particulier et mystique, car on se sert de cette allégorie pour exprimer renonciation d’un mystère, « publiez-le sur les toits, » disent les livres saints. Oui, sans doute ; en recueillant les saints oracles avec une âme généreuse, en les transmettant dans toute leur magnificence, en les expliquant d’après la règle de la vérité. En effet, ni les prophètes, ni notre Seigneur lui-même, n’ont divulgué les divins mystères assez clairement pour que le premier venu pût les comprendre. La parabole était la forme sous laquelle ils se cachaient. « Jésus, suivant le langage des apôtres, disait toutes choses en paraboles, et il ne parlait qu’en paraboles. » Si « tout a été fait par lui, et que rien de ce qui a été fait n’ait été fait sans lui, » il est donc vrai que la prophétie et la loi remontent jusqu’à lui et que c’est lui qui les a énoncées en paraboles.

Au reste, « toutes mes paroles sont droites pour les intelligents, » dit l’Esprit saint, c’est-à-dire, pour ceux qui, recevant, d’après la règle de l’Église, l’interprétation des textes sacrés, la conservent telle qu’elle a été manifestée par le Christ lui-même. Or, la règle de l’Église n’est rien moins que l’harmonieux accord de la loi et des prophètes, en conformité avec le Testament que Jésus-Christ nous a légué par sa présence au milieu de nous. La prudence marche à la suite de la connaissance, et la tempérance à la suite de la prudence. On peut dire que la prudence est une connaissance divine qui échoit en partage à ceux qui deviennent dieux ; que la tempérance, au contraire, humaine dans sa nature, est le lot de ceux qui s’adonnent à la philosophie et ne sont pas encore arrivés à la sagesse. Si la vertu est divine, divine aussi doit en être la connaissance ; mais la tempérance est une sorte de prudence incomplète, qui aspire à la prudence, dont les œuvres sont pleines de labeurs, plus militante que contemplative. Il en est de même assurément de la justice : humaine dans ses applica-