À mesure que nous avancerons dans cet ouvrage, après avoir examiné sous chacune de leurs faces les figures dont parlait le prophète[1], nous exposerons avec soin, et selon la règle de la vérité, le régime qui constitue la vie gnostique. Lorsque la Vertu divine apparut à Hermas dans une vision, et sous la figure de l’Église, elle lui remit entre les mains, avec ordre de le transcrire, un livre qu’elle voulait faire connaître aux élus. « Je l’ai transcrit, dit le Pasteur, lettre par lettre[2], ne pouvant découvrir comment s’assemblaient les syllabes. » Cette vision signifiait que l’Écriture, prise dans la simple acception des mots, est claire pour tous, et que la foi joue ici le rôle de l’alphabet. Voilà pourquoi on dit allégoriquement lire d’après la lettre. Au contraire, l’interprétation gnostique, plus intelligente, grâce aux progrès de la foi, est assimilée à la lecture par syllabes. Ailleurs n’est-il pas ordonné au prophète Isaïe[3] de prendre le livre nouveau pour y écrire des mots mystérieux ? Le Saint-Esprit désignait, au moyen de ce symbole, la sainte connaissance, qui devait venir par l’explication des Écritures, et dont les livres n’avaient pas encore reçu le dépôt, parce qu’elle était encore ignorée. Le mystère avait été révélé dès l’origine à ceux qui ont l’intelligence. Il y a plus. Depuis que le Seigneur a instruit lui-même ses apôtres, la tradition de l’Écriture nous est transmise maintenant non écrite, gravée qu’elle est par la puissance de Dieu dans des cœurs nouveaux, d’après le Testament nouveau. Voilà pourquoi les plus éclairés d’entre les Grecs consacrent à Hermès, qu’ils disent être la parole, une grenade, en reconnaissance de l’usage de la voix et de son interprétation ; car le discours renferme bien des sens cachés.
Il y avait donc une profonde sagesse dans cette vision de Jésus, fils de Navé, quand il aperçut un double Moïse enlevé aux cieux, l’un placé parmi les anges, l’autre debout sur le