« Si tu étais véritablement : malade, mon ami, il te faudrait un remède véritable. Mais pour la maladie imaginaire qui te travaille, voilà un remède imaginaire ; il te servira, n’en doute point, si des magiciennes te purifient en tournant autour de toi, si elles t’arrosent d’une eau puisée à trois fontaines différentes, avec une pluie de lentilles et de sel. Sais-tu quel est l’homme véritablement purifié ? Celui auquel le témoignage de sa conscience ne reproche aucun mal. »
« Oreste, Oreste, s’écrie la tragédie, quel mal t’a perdu ? Ma conscience elle-même, parce qu’une voix intérieure m’avertit que j’ai commis un grand crime. » Point d’autre pureté, en effet, que de s’abstenir de tout mal. Épicharme a donc raison de dire : « Si ton esprit est pur, toute ta personne l’est aussi. » Voilà pourquoi nous soutenons que les âmes doivent se purifier de leurs opinions perverses par la saine raison, et ainsi vides de toutes pensées mauvaises, se tourner vers les principaux dogmes de la religion. Il faut que les futurs initiés passent par quelques expiations préparatoires avant que les mystères leur soient livrés, afin que les traditions erronées fassent place aux traditions véritables.
N’avons-nous pas raison de ne circonscrire dans aucun lieu celui que rien ne peut circonscrire, et de ne point enfermer dans un temple la majesté de celui qui embrasse tout l’univers ? À quel titre une enceinte de pierres, œuvre grossière d’artisans grossiers, serait-elle une œuvre sainte ? J’aime mieux ceux qui ont pensé que l’éther et ce qu’il contient, ou pour mieux dire, le monde tout entier et l’universalité des êtres, sont dignes de l’excellence de Dieu. Il serait, en effet, ridicule de soutenir que l’homme, jeu de la Providence, selon le langage des philoso-