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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/658

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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

qui conserve la descendance d’Abraham. Quiconque possède Dieu reposant au fond de lui-même n’a donc plus de désirs à former. Le voyez-vous, dégagé de tous les obstacles et foulant aux pieds la matière qui le retenait ici-bas, entrouvrir par la science les régions du ciel, s’élancer par-delà les essences spirituelles, planer au-dessus des principautés et des dominations, et toucher aux trônes suprêmes, emporté par l’amour vers celui qui était l’unique but de ses lumières ? Maintenant qu’il a uni le serpent avec la colombe, il vit dans la sainteté parfaite, avec le témoignage d’une bonne conscience, mêlant dans l’attente de l’avenir l’espérance à la foi. Il goûte le don qu’il a reçu, en homme qui a été jugé digne de cette faveur, en homme qui a passé des chaînes de l’esclave dans l’adoption du fils, conformément à la science, et qui a connu Dieu, je me trompe, qui a été connu de Dieu en vertu de sa fin, et correspond à la dignité de la vocation par l’excellence de ses œuvres. Oui, de ses œuvres ! Elles suivent la connaissance, de même que L’ombre suit le corps. C’est donc à bon droit qu’il reste impassible au milieu des événements de la terre, sans jamais appréhender rien de ce que la divine sagesse a décidé pour lui dans un but d’utilité. Il ne rougit pas à l’heure de la mort, il est en paix avec sa conscience ; il va paraître devant les principautés, pur de tout ce qui pourrait altérer la candeur de son âme ; ne sait-il pas d’ailleurs qu’il échange la vie présente contre une vie meilleure ? De là vient qu’au lieu de préférer aux dispensations divines ce qui lui semble agréable où utile, il s’exerce, par l’accomplissement des préceptes, à plaire au Seigneur en toutes choses, et à mériter les éloges du monde lui-même, puisque tout dépend de la volonté du Dieu unique et tout-puissant. Le Fils de Dieu « est venu chez soi, et les siens ne l’ont pas reçu, » dit l’Évangéliste. Voilà pourquoi, dans l’usage des biens de la terre, non-seulement il rend grâces et admire la créature, mais se fait louer par la manière même dont il en use, parce que sa fin dernière aboutit à la contemplation, qui, née de la faculté gnostique, s’exerce conformément aux préceptes. Puis, lorsque riche des trésors de la con-