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XIV
TABLEAU HISTORIQUE

clave des tyrans, était encore la législatrice des barbares. Les sacrifices humains des druides, les fétiches du nord disparaissaient devant les armes Romaines. Les Druides faisaient couler le sang humain devant leur Dieu Teutatès, les Quades sacrifiaient des hommes à Mercure, et les Suèves immolaient une victime humaine au commencement de leurs assemblées. Dans l’Asie on voyait les impurs mystères d’Adonis. En Égypte, on adorait des oignons et des chats. La magie régnait en Perse et dans tout l’Orient.

L’Empire s’affaiblissait. Les Romains qui s’expatriaient portaient chez les peuples voisins, les arts, et surtout celui de la guerre, avec la haine contre l’empire et la connaissance de sa faiblesse. Pendant que l’Empire était en proie aux ennemis qu’il nourrissait dans son sein, il fut attaqué sans interruption par les Scythes, par les Parthes, par les Perses, par les Goths, par les Hérules, par les Allemands et par les Francs. Tous les peuples pénétrèrent de toutes parts sur son territoire. On vit plus de vingt empereurs dans ce siècle, et presque tous furent élevés sur le trône par la sédition ou par le meurtre de leurs prédécesseurs. À peine un empereur était massacré que quatre ou cinq conquérants, chacun à la tête d’une armée, lui disputaient le trône. Souvent, tandis que tout était tranquille, le feu de la sédition s’allumait tout à coup dans quatre ou cinq provinces.

Tel était l’état du paganisme. Transportons-nous maintenant parmi les Chrétiens, et voyons les premiers fidèles rassemblés dans les cimetières, osant à peine élever la voix, de peur de réveiller la fureur de leurs ennemis qui les environnaient de tous côtés, livrés à la douleur la plus vive, songeant à leurs frères que la crainte avait ébranlés ou que les caresses avaient séduits, séparés souvent de leurs premiers parents dont le sang fumait encore dans les places publiques ou aux portes des villes, exposés au sortir du lieu saint, à être cités aux pieds des tribunaux pour y rendre à Jésus-Christ le plus grand, le plus noble, mais le plus dangereux de tous les témoignages, menacés d’éprouver bientôt eux-mêmes tout ce que la barbarie peut suggérer de plus cruel.