Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5 bis.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xxxi
VIE DE SAINT CYPRIEN.

sormais Thascius-Cecilius-Cyprianus. Touché de ses soins et de son affection toute filiale, Cecilius lui donna une haute marque d’estime. À son lit de mort, il lui confia sa femme et ses enfants ; car il avait été engagé dans les liens du mariage avant de recevoir la prêtrise.

Cyprien n’était encore inscrit que parmi les catéchumènes. Le zèle qu’il avait apporté autrefois à l’étude des lettres profanes, il l’apportait aujourd’hui à l’étude des livres saints. Il les méditait avec une religieuse attention. Pour mieux se pénétrer de leur esprit, il les gravait dans sa mémoire. Il parvint dans la suite à les posséder si pleinement, qu’il en nourrissait toutes ses paroles comme d’une substance vigoureuse qu’il s’était assimilée, Lorsqu’en parcourant ces pages divines il rencontrait quelque vertueux personnage qui avait mérité les louanges de l’esprit saint, il conseillait, et c’était son habitude, d’examiner par quelle vertu il s’était attiré cet auguste suffrage, afin que les mêmes œuvres méritassent les mêmes éloges.

À la lecture des textes inspirés, il joignait celle des plus habiles commentateurs et des plus célèbres apologistes qui l’avaient précédé ; Aristide, Athénagore, Justin, Origène, Minucius-Félix. Mais son auteur favori était Tertullien, son compatriote, « Apportez le maître, da magistrum, » disait-il toutes les fois qu’il demandait les ouvrages de l’illustre Africain. Toutefois en admirant l’étendue de ses connaissances, la profondeur de ses pensées, la mâle énergie de ses expressions et l’enchaînement si serré de son argumentation, il savait se tenir en garde contre des erreurs dont ne préservent pas toujours l’habileté ni la science.

Cyprien n’eut pas plus tôt connu la foi, que, frappé des éloges donnés par l’Esprit saint à la continence, il se consacra entièrement à cette vertu, persuadé que, pour se créer un cœur pur et une intelligence capables de saisir pleinement la vérité, il fallait fouler aux pieds les convoitises de la chair. Enfin, quand cet homme de réputation et de savoir eut accompli le temps des épreu-