Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5 bis.djvu/465

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purs ou dangereux, dont la contagion funeste eût infecté les colombes et les brebis de Jésus-Christ. L’amertume n’a rien de commun avec la douceur, l’ombre avec la lumière, la guerre avec la paix, la stérilité avec la fécondité, la sécheresse avec la source d’eau vive, la tempête avec le calme. Pourquoi associer des éléments qui se repoussent ? Mais la vertu, ah ! jamais elle ne peut se détacher de l’Église. Le vent enlève-t-il le froment dans l’aire du laboureur ? L’arbre robuste est-il renversé par la tempête ? Non, il n’y a qu’une paille légère qui se laisse emporter par le vent ; que l’arbre sans racines, qui tombe sous l’effort de l’orage. L’apôtre censure et maudit d’avance ces esprits inquiets et mobiles. « Ils sont sortis du milieu de nous, dit-il ; mais ils n’étaient pas de nous ; car, s’ils eussent été de nous, ils seraient demeurés avec nous. » Et voilà quelle est la cause des hérésies qui se sont élevées et qui s’élèvent encore ! Des esprits corrompus ne veulent point garder la paix. Le parjure, ami de la discorde, se révolte contre l’unité. Dieu permet ces scandales pour ne pas enchaîner la liberté de l’homme, afin que, dans ces épreuves où la vérité interroge nos cœurs et nos esprits, l’intégrité de notre foi brille de toute sa lumière. L’Esprit saint nous le déclare d’avance par la bouche de l’apôtre : « Il faut qu’il y ait des hérésies, afin que l’on reconnaisse ceux d’entre vous qui sont d’une vertu éprouvée. » Oui, c’est par elles que la fidélité est reconnue, par elles que le parjure est démasqué. C’est par elles que même ici-bas les âmes des justes sont séparées d’avec celles des impies, et le froment d’avec la paille stérile.

Ainsi advient-il de ces docteurs sans autorité, qui, se constituant pasteurs de je ne sais quelle vaine et téméraire agrégation, usurpent le titre d’évêque, quoique personne ne leur ait conféré la consécration pontificale. Le roi-prophète nous les montre assis dans la chaire empestée, apôtres du mensonge, fléaux de la foi, serpents artificieux, dont le souffle empoisonné corrompt et gagne de proche en proche comme la contagion. Leur présence donne la mort. Écoutez en quels termes le Seigneur les menace et rappelle son peuple qui s’égarait sur