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VIE DE SAINT CYPRIEN.

semblèrent en grand nombre. Prêtres, diacres, confesseurs, laïques demeurés fidèles, assistèrent à cette solennelle délibération. L’affaire de ceux qui avaient failli pendant la persécution y fut mûrement examinée avec la sagesse et la gravité qu’elle réclamait. On y discuta les passages des Écritures qui pouvaient fournir des lumières sur cette question, et on résolut d’un commun accord de s’arrêter à un juste tempérament qui conciliât les salutaires rigueurs de l’Évangile avec les immenses besoins de cette époque. Trop de sévérité eût infailliblement précipité dans les fureurs du désespoir ou dans les désordres du paganisme toutes ces âmes affaiblies par la prévarication et l’éloignement des choses saintes. D’ailleurs il ne fallait point oublier que le schisme était là, faisant bon marché des règles canoniques, et pardonnant aisément l’apostasie, parce qu’en l’excusant, il s’excusait lui-même.

Voici donc quelles furent les mesures les plus importantes adoptées dans ce concile. Jusque-là on n’avait établi aucune distinction entre les libellatiques et les apostats réels, parce que l’on voulait ainsi retenir dans le devoir ces demi-Chrétiens. Mais alors il fut décidé que l’on admettrait sur le champ à la communion ceux des libellatiques qui avaient embrassé la pénitence immédiatement après leur faute. Quant à ceux qui avaient sacrifié aux idoles ou goûté à leurs mets impurs, ils devaient être soumis à une pénitence publique, mais dont la durée devait être réglée sur les circonstances de l’apostasie et sur les intentions, les motifs ou les engagements du coupable. La justice elle-même ne voulait pas que l’on confondît dans le même châtiment celui qui s’était hâté de renoncer à Jésus-Christ, sans attendre les tortures, avec celui qui avait résisté à la rage des bourreaux, mais qui, succombant à la fin dans les défaillances de la chair, n’avait pu porter jusqu’au terme la couronne de la confession. La perte de leur gloire fut regardée comme une punition déjà bien cruelle. On fixa la durée de leur pénitence à trois ans ; on en défalquait