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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5 bis.djvu/51

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xlvii
VIE DE SAINT CYPRIEN.

avec quelle tendresse il relève le pécheur qui est tombé ! mais aussi, apôtre de la pénitence et fidèle à maintenir les droits de la justice, en même temps qu’il pousse la miséricorde jusqu’à ses dernières limites, avec quelle vigueur il signale les dangers d’une imprudente condescendance ! avec quel soin il recommande les précautions qui peuvent prévenir le retour du mal ! Ardeur de la foi, puissance des convictions, mépris d’un monde qui passe, saintes aspirations vers l’éternité, tous ces sentiments féconds échauffent sa parole, tour-à-tour pathétique et véhémente. Nul orateur n’a su mieux que Cyprien plaider auprès du pécheur les intérêts de la justice divine. La chaire moderne s’est fécondée plus d’une fois de ses inspirations sur les délais qu’il faut imposer à la réconciliation et les dangers de la rechute ; jamais elle n’a surpassé les mouvements de cette éloquence saintement passionnée.

Les évêques d’Afrique, après avoir adopté pour l’admission des laps et pour le gouvernement de leur troupeau les mesures que leur avait suggérées l’Esprit de lumières, communiquèrent leurs résolutions à Corneille, qui était alors évêque de Rome et du monde chrétien. Cette lettre synodale, mentionnée par Cyprien, n’existe plus. Corneille qui, de son côté, avait réuni un concile de soixante évêques, sans compter beaucoup de prêtres et de diacres, embrassa l’avis de son frère de Carthage, sans y rien changer. Il y avait peu de temps que ce nouveau successeur de Pierre siégeait dans la chaire pontificale.

La persécution, assoupie en Afrique, sévissait encore à Rome. Les Goths, avec leurs visages féroces et leurs instincts sanguinaires, paraissaient un peu plus redoutables que de pauvres Chrétiens qui mouraient en agneaux. Il fallut donc courir au danger le plus pressant. Dèce fut obligé de quitter Rome pour aller défendre les extrémités de l’empire. Les prêtres de Fabien profitèrent de ce départ pour donner un successeur au pontife qu’avait immolé la persécution. C’était le moment où Novat,