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VIE DE SAINT CYPRIEN.

Des révélations avaient appris à Cyprien que l’ennemi allait fondre sur l’Église. Il n’oublia rien pour fortifier la courage de son peuple par des exhortations appropriées à la circonstance, et l’armer contre tous les assauts qui l’attendaient. Il rassembla un concile pour examiner si, dans la gravité de ces conjonctures, il ne serait point à propos de donner la paix de l’Église à ceux qui avaient failli dans la dernière persécution, afin qu’ils marchassent plus intrépidement au combat sous la protection du corps et du sang de Jésus-Christ. La mesure fut adoptée et communiquée au pape Corneille. Il est douteux que celui-ci ait eu le temps d’appliquer autour de lui le même remède aux mêmes blessures. La persécution commença par frapper le pasteur, afin de trouver moins de résistance dans le troupeau ; mais l’Église romaine se leva comme un seul homme pour confesser le nom de Jésus-Christ, et mérita que Cyprien, lui rappelant le glorieux témoignage que l’apôtre avait rendu à sa foi, dès le berceau du Christianisme, la félicitât de ce qu’elle marchait si noblement sur les traces de ses pères.

Les félicitations de l’évêque de Carthage à l’évêque de Rome se terminaient par ces mots touchants : « Que celui de nous deux qui paraîtra le premier devant le tribunal du Seigneur, fidèle à ses affections de la terre, implore la céleste miséricorde « pour nos frères et pour nos sœurs. » Corneille remonta le premier vers le père de toutes les miséricordes. Le 14 septembre 252, il passa, de l’exil de Centumcellæ, aujourd’hui Civita-Vecchia, sous la hache du bourreau, après un épiscopat de trois ans. Lucius, romain d’origine, selon quelques-uns, toscan, selon d’autres, fut élu en sa place, et proscrit aussitôt qu’élu. Son bannissement ne fut pas de longue durée. Il rentra dans Rome vers les premiers jours de décembre de la même année. Son retour fut un véritable triomphe. Quoique la persécution n’eût pas suspendu ses violences, le peuple fidèle se porta d’un mouvement irrésistible vers celui qui revenait évêque et confesseur. Le