longue suite d’imitateurs, le premier d’entre les évêques, il consacra cette province par son immolation. Son sang a sanctionné la loi, mais cette loi qui a enfanté des martyrs, rivaux de sa gloire et de ses exemples.
18. Quand le saint sortit du prétoire, une foule de soldats l’accompagnèrent, et, pour que rien ne manquât à son illustration, des tribuns et des centurions marchèrent à ses côtés. On choisit pour le lieu du supplice un terrain spacieux, uni, environné d’arbres, et qui pût offrir un magnifique coup d’œil. La foule était immense ; les derniers rangs étant trop éloignés pour jouir du sublime spectacle qu’ils étaient venus chercher, il se trouva bon nombre de gens qui, saintement curieux, montèrent sur les arbres : autre point de ressemblance avec le divin maître que Zachée contempla du haut de son sycomore. Déjà Cyprien s’était bandé les yeux de sa propre main ; déjà il hâtait la lenteur du bourreau chargé de l’exécution, car ce malheureux laissait échapper le fer de ses doigts tremblants et mal assurés : mais enfin une vigueur descendue d’en haut raffermit ce bras qui s’alanguissait, et la tête du vertueux pontife tomba sous un coup autorisé par le ciel. Heureux, trois fois heureux le peuple fidèle qui s’unit aux souffrances de son illustre pasteur par les yeux, par le cœur, et ce qui est plus noble encore, par de courageuses et publiques démonstrations ! Quoique le vœu et la demande universelle de s’associer à son triomphe n’ait pu recevoir son accomplissement, quiconque a désiré du fond du cœur donner sa vie sous les yeux du Christ et de son évêque, a trouvé dans le témoin de ses souhaits un digne ambassadeur auprès du Très-Haut.
19. Ainsi se consomma le sacrifice. Cyprien, qui avait été le modèle accompli de toutes les vertus, fut encore le premier qui, depuis les apôtres, teignit de son sang les couronnes épiscopales de l’Afrique. Car, dans cette suite d’évêques qui avaient siégé à Carthage, quoique un grand nombre eût déployé de rares vertus, aucun n’avait encore été honoré du martyre. Il est vrai que, dans des hommes consacrés au Seigneur, le dévouement et la soumission inviolable à Dieu sont comme un