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ORIGÈNE.

plus difficilement que de celles qui tiennent au dogme. On s’y attache plus qu’à toutes les autres choses, auxquelles cependant le cœur tient tellement, qu’on ne sépare pas sans de grandes peines l’homme de sa maison, de sa ville, de ses concitoyens. De là vient que tant de Juifs demeurent dans l’endurcissement, malgré les prédictions et les miracles de Jésus, et malgré les circonstances les plus frappantes de sa Passion. Cette faiblesse des affections humaines éclate surtout par la ténacité avec laquelle on conserve les mœurs de sa famille et de sa patrie, quelque honteuses et déraisonnables qu’elles soient. On ne parvient qu’après les plus grands efforts à désabuser l’Égyptien des superstitions paternelles, et de son culte pour des animaux sans raison, qu’il prend pour des dieux, et respecte à tel point qu’il aimerait mieux mourir que manger leur chair. Si nous avons insisté longuement sur la prophétie relative à Bethléem, nous l’avons fait pour répondre à ceux qui diront peut-être : Pourquoi donc le peuple ne s’est-il pas converti, et n’a-t-il pas accepté aussitôt la doctrine et les améliorations que Jésus apportait, puisque les prophéties juives sur sa venue étaient si claires. Ce reproche ne peut tomber sur nous qui croyons en Jésus, et qui avons appris à appuyer notre foi par des raisons solides.

LIII. Si l’on demande d’autres prophéties ayant manifestement rapport à Jésus, nous citerons celle de Jacob ; ce patriarche, d’après le récit de Moïse, sentant sa fin approcher, rassembla ses enfants, et prédit entre autres choses à Juda que le sceptre ne sortirait pas de sa race, et que le chef ne cesserait pas de sortir de son sang, jusqu’à ce que se fussent accomplis les destins qui lui étaient réservés. Quand même l’infidèle soupçonnerait l’authenticité de cette prophétie, parce qu’elle a été publiée par Moïse, long-temps après L’époque de Jacob, il n’en est pas moins inexplicable comment Moïse a pu prédire que les douze tribus seraient gouvernées par des chefs issus de celle de Juda, qui donnerait son nom à toute la nation des Juifs.