Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 8.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
177
ORIGÈNE.

main à Paul et à Barnabé en signe d’union, et s’en allèrent vers les circoncis, » tandis que les autres partirent pour annoncer l’Évangile aux nations. Mais que dis-je quand j’avance que ceux qui prêchaient l’Évangile aux Juifs se retiraient des nations ? je me trompe. Paul lui-même « se faisait juif avec les Juifs pour gagner les Juifs. » Voilà pourquoi, ainsi que cela nous est raconté dans les Actes des Apôtres, il présenta son offrande devant l’autel, afin de persuader aux Juifs qu’il n’était pas un transfuge de la loi. Si Celse avait connu tous ces détails, son prétendu Juif n’aurait pas dit aux Juifs qui ont embrassé la foi : « Quelle extravagance vous poussait, ô mes compatriotes, à déserter la loi de vos pères ? D’où vient que, trompés par les séductions de celui à qui nous adressions tout à l’heure la parole, vous nous avez quittés pour adopter un autre nom et une autre manière de vivre ? »

II. Mais, puisque nous en sommes sur le compte de Pierre et de ceux qui enseignèrent la religion chrétienne aux enfants de la circoncision, il ne sera pas étranger à notre sujet de rapporter et d’expliquer ici quelques paroles de Jésus empruntées à l’évangile selon Jean. Nous y lisons ces mots : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter à présent. Quand l’Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu. » Ici l’on demande quelles étaient toutes ces choses que Jésus avait à révéler à ses disciples, mais que ceux-ci ne pouvaient porter pour le moment. À cela je réponds que les Apôtres étant Juifs d’origine et d’ailleurs nourris dans l’interprétation littérale de la loi mosaïque, Jésus avait à leur enseigner quelle était la loi véritable, à quelles vérités célestes correspondaient les ombres et les figures des cérémonies judaïques, et de quels biens à venir la distinction des aliments et des breuvages, l’observation des fêtes, des néoménies et des sabbats, étaient la symbolique image. Voilà sans doute les