Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bretonnet avait vaincu, le bruit s’en serait répandu au loin, et l’attitude des indigènes eût été tout autre. Sombre et envahi d’une profonde tristesse, j’avais hâte d’arriver au but. Enfin, dans le lointain, on aperçoit le village de Gaoura, les berges hautes sont couvertes de monde. Au fur et à mesure qu’on approche, on voit des gens habillés d’un boubou ; il y en a beaucoup. Ce sont des Baguirmiens, me dit un guide. Un moment l’espérance renaît ; des Baguirmiens ! Les nôtres sont donc encore envie ! Enfin, nous approchons davantage, on peut distinguer les physionomies. Mes regards se portent sur un homme, un seul ; je le reconnais : c’est le sergent Samba Sall. Il est là, debout, à moitié nu, à peine couvert d’un lambeau d’étoffe. « C’est toi, Samba Sall ? — Oui, mon commissaire. — Et Monsieur Bretonnet ? — Ah ! tous sont morts !… »


une hécatombe d’hippopotames dont la colonne fit boucaner la viande.

C’est par cette phrase que nous fûmes accueillis. Le bateau accoste ; je fais monter le malheureux à bord. Il se tient à peine