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LA CHUTE
DE
L’EMPIRE DE RABAH

I

MISSION DE 1895-1898

Considérations générales. — Comment je devins Africain. — M. de Brazza. — Crampel. — Fourneau. — Maistre. — Mizon. — Séjour dans la Sanga et l’Oubangui. — Première mission. — Difficultés de début. — Mise en route. — Ouadda. — La Kémo. — La Tomi. — Les G’Baggas. — Les N’Dis.


En 1892, je n’étais plus un nouveau venu sur la terre d’Afrique. J’avais déjà passé plus de deux ans au Gabon en qualité d’enseigne de vaisseau attaché à la station locale. On m’employa surtout pendant cette période à exécuter des levés hydrographiques, seul ou en compagnie d’autres officiers, sous la direction du capitaine de frégate Rouvier. La grande liberté dont nous jouissions pendant l’exécution de notre travail, jointe à l’attrait de ce travail lui-même, exerçait sur mon esprit une attraction très grande. Si bien que peu à peu je rêvai, à l’exemple de mon glorieux aîné, M. de Brazza, d’accomplir un voyage dans cet intérieur à peine entrevu par quelques rares agents qui en revenaient la plupart du temps malades et fatigués, mais toujours enthousiastes, et se promettant d’y retourner.

En 1890, Paul Crampel, qui avait reçu des fonds du Comité de l’Afrique française, débarquait à Libreville avec quelques agents européens, un Targui nommé Ichekkad et une petite Pahouine nommée Niarinzé. Il avait pour intention de partir du Congo et de rentrer par l’Algérie. Il était jeune ; sa fine tête d’apôtre, aux longs cheveux, respirait l’énergie, et sa pa-