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Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/206

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je ses troupes en munitions et m’envoyait un sergent avec des chameaux destinés à recevoir les ravitaillements dont nous pourrions disposer en sa faveur.

Sur ces entrefaites, Gaourang nous rejoignit enfin. Il m’avait promis, lors de notre départ de Fort-Archambault, d’envoyer des cavaliers dans la région du Bahr-Erguig, afin qu’à notre passage à Bousso nous puissions trouver en ce point un approvisionnement de mil. Il n’en avait rien fait, ou plutôt ses ordres n’avaient pas été exécutés, si bien que nous nous trouvions à bout de ressources.

Exaspéré, je me préparai à lui faire d’amers reproches. J’y renonçai quand je vis son attitude contrite et le spectacle lamentable qu’offrait la masse des gens qui l’avaient suivi.

Les pauvres Baguirmiens venaient, en effet, de subir de rudes épreuves. Leur marche depuis Sada n’avait été qu’une longue série de souffrances, car les Saras, les Toummocks et autres païens, apprenant la marche de la colonne de Gaourang, s’étaient enfuis sur son passage emportant ou cachant toutes leurs provisions, si bien que les vivres leur avaient fait rapidement défaut. De plus, comme les pluies avaient été fort rares, tous les cours d’eau étaient taris. Pour boire, Gaourang avait dû creuser des puits, quelquefois à de très grandes profondeurs… Dans ces conditions, une foule nombreuse de femmes, d’enfants affamés ou mourant de soif restèrent en arrière… On ne les revit jamais.

Quant à ceux qui avaient pu surmonter ces fatigues, ils étaient dans un état d’épuisement presque complet.

En présence de cette situation, je conseille à Gaourang de ne se faire suivre ni des hommes malades et fatigués, ni des femmes et des enfants qui pourraient regagner le Bahr-Erguig à petites journées. Le reste de la bande, comprenant environ 1500 hommes, se mettrait en route immédiatement avec nous. Ce parti fut adopté.

Nous sommes presque sans vivres. Seule la chasse nous fournit la viande qui nous est nécessaire. Quant au mil, il se fait de