Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/280

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On a tour à tour représenté Senoussi comme un agent de la Turquie ou comme celui d’une puissance européenne.

Il a peut-être en apparence été l’un et l’autre, mais certes pas sincèrement et très vraisemblablement il ne le sera jamais. Il est donc possible qu’à un moment donné, nous ayions cet homme comme adversaire déclaré.

Il serait prématuré et présomptueux et surtout hors de propos de discuter ici la ligne de conduite que nous devrons tenir à son égard. Ce que je puis dire par exemple, c’est que comme tous les chefs religieux qui ont existé jusqu’à ce jour en pays musulman, il y a un but dissimulé. Ce but, c’est la conquête du pouvoir temporel dans une zone aussi étendue que possible.

Grâce au fanatisme religieux, il peut parvenir ni les circonstances le favorisent à soulever des multitudes énormes. Mais ce qui fera sa force fera aussi sa faiblesse. Obligé de vaincre pour que ses partisans puissent piller, il est bien certain qu’en outre des nombreux mécontents qu’il aura parmi les siens, il trouvera chez les nations qu’il combattra, des ennemis qui seront tout disposés à accepter pour se défendre l’aide des chrétiens, si ces mêmes chrétiens ont toutefois eu la sage idée de coordonner leurs efforts au lieu de chercher à se nuire réciproquement.

L’étude que je viens de faire, nous montre donc que nous sommes exposés dans un avenir plus ou moins rapproché à avoir des difficultés soit avec le Ouadaï, soit avec Senoussi. Il faut par suite nous efforcer de maintenir attachés à notre cause le Baguirmi, le Khanem et le cheich Senoussi ben Abecher de N’Dellé.

Il est indispensable que nous assurions à ces trois pays une protection efficace contre leurs ennemis qui sont aussi les nôtres. Il ne faut pas cependant que d’ici longtemps, nous intervenions directement dans l’administration intérieure du territoire. Il faut laisser aux chefs qui les gouvernent, toute l’apparence extérieure du pouvoir en les guidant par des conseils et des avis appropriés.

En résumé, il faut d’une part que nos protégés se rendent