Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/44

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près de cent kilomètres du but. Il y avait par suite lieu de s’établir définitivement à Krebedjé et de faire diriger sur ce point tout notre matériel.

Huntzbüchler s’en retourna donc à Ouadda pour réunir les pirogues nécessaires, pendant que je me préoccupais de trouver des porteurs pour déménager notre camp et occuper le point que j’avais reconnu.

Krebedjé et G’Bongo, qui s’étaient rendu compte du profit qu’ils pourraient retirer du fait de notre présence chez eux, réunirent très rapidement les hommes nécessaires et, en quelques jours, nous étions installés. Le 2 mars, nous commençons le poste : une maison d’habitation en pierre et en torchis, un magasin en pisé s’élèvent, un camp pour nos hommes se construit. En un mois et demi, nous étions tous logés. Peu à peu les convois montaient, nos colis s’entassaient dans le magasin, les pièces du vapeur méthodiquement rangées et numérotées étaient au grand complet sous un hangar.

Huntzbüchler me rejoignait en avril ; mais, surmené par les fatigues que nous endurions tous, malgré son robuste tempérament, il tomba bientôt atteint d’une fièvre bilieuse hématurique. Je le soignai du mieux que je pus, et au bout de quelques jours, il était hors de danger, mais si affaibli, qu’il lui était impossible de faire quoi que ce soit. Un long repos lui était donc nécessaire, aussi décidai-je de le laisser au poste de Krebedjé pendant que j’irais reconnaître la route au Nord. Un chef N’di, nommé Ernago, qui habitait à une vingtaine de kilomètres du poste, se présenta à moi et voulut bien consentir à nous servir de guide.

Nous nous mettons en route le 15 avril, en suivant une piste assez bien frayée. À une heure de notre point de départ, nous devons traverser la Tomi, large de vingt mètres encore, sur un pont de lianes.

Le paysage est monotone ; de vastes espaces couverts d’herbes ; des arbres nombreux, mais clairsemés.

Nous avons cette fois complètement abandonné la région des grandes forêts. On ne trouve plus d’arbres élevés que le long