Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/46

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pour laisser le temps à Ernago de régler une affaire de ménage très grave.


la route de krébédjé à gribingui.

L’une de ses femmes, la plus jeune et la plus aimée (naturellement), était soupçonnée d’avoir accordé en l’absence du mari quelques « menus suffraiges » à un galant du village. Il n’y avait pas flagrant délit. Aussi les deux protagonistes niaient-ils à qui mieux mieux. On décida donc de s’en rapporter au jugement de Dieu. Ernago, qui cumulait avec les fonctions de chef celles de féticheur, s’en alla planter sur une termitière une douzaine de petits morceaux de bois. Ils devaient y rester trois jours. Si au bout de ce temps les termites avaient laissé les piquets intacts, la femme était innocente. Sinon elle était coupable…

Décidément l’histoire de tous les peuples est un éternel recommencement. C’était là une épreuve analogue à celles en usage chez nous aux débuts du Moyen âge. Combien d’innocents ces grossières superstitions ont-elles sacrifiés !…

Ernago tenait beaucoup à rester pour vérifier lui-même ses