Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à Ouadda, sachant nos besoins, mit spontanément à ma disposition 800 thalers de Marie-Thérèse.

C’est à ce brillant officier que nous devions également de rentrer en possession de nos charges. On sait en effet qu’avant d’accomplir sa splendide traversée de l’Afrique, il avait passé plusieurs mois à pacifier la région de Comba à Brazzaville et avait réussi à retrouver près de 12000 colis en souffrance qui, sans lui, auraient été perdus.

Tout le monde en France a apprécié la belle œuvre de Marchand. — Il m’appartient à moi, qui suis son obligé, de lui apporter, en plus de mon admiration, le tribut de ma profonde reconnaissance.

Pendant l’absence de Prins, nous fûmes informés par les N’Gaos, nouvelle peuplade avec laquelle nous venions d’entrer en relation, que les musulmans de Senoussi se préparaient à nous attaquer. On dut fortifier le camp et prendre toutes les précautions pour éviter une surprise.

L’arrivée de Prins et de Fredon nous tira d’inquiétude, et nous pûmes choisir la place d’une station définitive. L’endroit le plus convenable était situé à 7 kilomètres dans le Nord-Est de Nana B, au pied d’une colline rocheuse, haute de 80 mètres presque à pic.

On se mit avec ardeur au travail : on fortifia ; on construisit des maisons d’habitation, un camp pour les soldats ; un jardin potager fut tracé.

En juillet, nouvelle alerte qui nous immobilisa encore plus d’un mois. Mais cette perte de temps nous permit de prendre enfin contact avec les musulmans de Senoussi.

Ayant appris notre présence dans le pays, ils s’étaient avancés jusqu’à deux jours et demi de marche de la station Gribingui, et, ignorant nos intentions, se méfiant de représailles au sujet du meurtre de Crampel, ils s’étaient, eux aussi, solidement retranchés au village de Yani Mandji.

C’est de cet endroit, qu’ils nous envoyèrent deux émissaires escortés d’une trentaine de soldats. L’un, nommé El Hadj