Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les envoyés étaient retournés à Massénia. Pour répondre aux cadeaux que j’avais reçus du sultan, je leur en donnai d’autres, et je leur remis une lettre pour le prévenir de mon arrivée prochaine.

Très bien accueillis à Madjé, nous attendons en ce point les messagers du sultan qui viennent nous chercher deux jours après.

Je pars avec Ahmed et cinq ou six Sénégalais. On nous donne des chevaux. Mais au lieu de nous faire franchir d’une seule traite la distance de Madjé à Massénia, on nous fait coucher au village arabe de Blane. Le chef Youssef nous apporte du lait frais, du lait caillé et du beurre, tant que nous en pouvons souhaiter. Le lendemain de bonne heure, nous nous mettons en route. Nous sommes bientôt rejoints par une magnifique escorte de cavaliers aux vêtements de soie, montés sur de beaux chevaux richement harnachée, l’escorte augmente à mesure que nous nous rapprochons de Massénia. Nous nous arrêtons au milieu d’une grande plaine et tout ce monde exécute devant nous une brillante fantasia.

Nous arrivons enfin devant les remparts de Massénia, en partie détruits par les Ouadaïens en 1870. Ce qu’il en reste prouve l’importance qu’avait Massénia au temps de Barth. Les murailles, construites en briques sèches, n’ont pu être démolies par les Ouadaïens que grâce aux mines qu’ils avaient pu faire placer secrètement par des traîtres. Avant de pénétrer dans Massénia, les cavaliers se rangent derrière nous. Les fusiliers de la garde du sultan sortent de la ville et viennent défiler devant nous en agitant leurs armes et en chantant sur un rythme bizarre : « La Allah illa Allah Mohammed ressoul Allah. » Après cette brillante manifestation, on nous invite à pénétrer dans la ville. J’avoue avoir éprouvé un peu de désillusion. Massénia ressemble plutôt à un immense campement qu’à une capitale ; les maisons sont bien moins jolies et moins bien construites qu’à Maïnheffa ou à Baleignéré. On dirait quelque chose de provisoire. Comme je faisais part de mon étonnement à quelques personnages qui