Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/174

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sur lui-même, il s’affligea et eut honte de son action et de cet outrageant caprice qui lui avait fait jeter un sceptre à un soldat ! D’ailleurs, n’avait-il pas été trop loin ? Trop courbés, les rois pouvaient se relever terribles, et puis n’avait-il pas quelque intérêt à conserver au moins pour le peuple ce respect qui entoure la royauté. Dans le regret de ce qu’il avait fait, et dans l’incertitude de ce qu’il avait à faire, il voulut voir son nouveau roi, Guillaume Athon, et un officier s’étant détaché pour le chercher, le rejoignit dans la galerie des tableaux, comme on sait, et l’amena devant l’empereur.

Il entra, se tenant debout et respectueusement à la porte, mais la tête haute et le regard fixe, conservant enfin cette attitude à la fois noble et soumise du soldat devant son chef.

— « Qu’on approche un fauteuil, dit l’empereur, et qu’on nous laisse. »

Restés tous deux seuls, ils se turent pendant quelques minutes, le soldat roi toujours debout.

— « Votre majesté veut-elle s’asseoir ? » lui dit l’empereur d’un ton mélancolique.

Le soldat s’assit dans le fauteuil et regardait toujours fixement l’empereur.

— « Que vous semble de cet événement du conseil ? lui demanda Napoléon.