Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/198

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qu’elle fût, hors de la portée et de l’action de la sienne.

Il manda l’abbé de Lamennais à Saint-Cloud.

Quand ces deux hommes furent en présence, ils se contemplèrent quelques instants en silence, car ils ne s’étaient pas encore vus jusque-là.

Napoléon, comme on le sait, avait à cette époque acquis un embonpoint qui rendait plus sensible l’exiguité de sa taille. Il était en ce moment vêtu d’une redingote de couleur grise qu’il portait habituellement.

L’abbé de Lamennais, d’une taille encore plus petite, et d’une maigreur remarquable, n’avait pas cru pour la cour elle-même abdiquer ce droit de simplicité d’habillement qu’a tout ecclésiastique. Une cravate noire, liée comme une corde autour de son cou, était avec des bas de laine noirs les seuls vêtements que laissait apercevoir une large redingote brune dont il était entouré.

L’empereur rompit le premier ce silence d’examen :

— « Voici deux hommes d’assez petite taille qui peuvent changer la face de la terre », dit-il avec un sourire ; et comme regrettant d’avoir laissé trop au prêtre dans ces paroles,