Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/212

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et plein de respect pour la majesté du roi qui allait être jugé, exposa cette grave affaire.

Après quoi, Napoléon, d’une voix calme et sans émotion, s’adressant à Murat, lui dit :

— « Votre majesté sait de quoi elle est accusée ; a-t-elle fait choix d’un conseil, ou veut-elle s’expliquer elle-même ?

— « Je ne le devrais pas peut-être, répondit Murat, car je ne reconnais à personne ici le droit d’attenter à mon caractère, ou de me demander compte de mon diadème. Roi comme vous tous, je n’ai d’autre place que dans vos rangs, et non pas devant vous et dans la position d’un accusé, et je décline comme un crime et un sacrilége cette audacieuse pensée de me juger. »

Alors, il se leva, et, s’étant couvert, il continua avec la plus grande énergie :

« Ce que M. l’archichancelier vous a dit est vrai… Il eût pu cependant s’épargner le mot de conspiration, qui ne me va pas. Un roi ne conspire pas, mais il a des desseins, que Dieu juge après lui. Si j’ai tenté de régénérer l’Europe et de rendre la liberté à mes frères les rois, ce n’est pas à eux de le trouver mauvais, et de s’abaisser jusqu’à m’en faire un hypocrite reproche ; et si celui que le sort a trouvé comme moi