Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/227

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et où commence à se murmurer celui de l’Afrique.

On ne sait si ce fut la pensée jalouse de l’empereur de rompre cette division sacrée, et de faire joûter ainsi une volonté du moment contre une tradition éternelle, ou bien si plutôt, voulant agréger ses conquêtes d’Afrique à l’empire d’Europe, il avait décidé de ne plus laisser des colonies importantes aussi près de la métropole. Il semblait que son avide puissance ne fût pas encore satisfaite des conquêtes de Constantinople et des côtes occidentales de l’Archipel. Il voulut encore s’assurer tout le littoral de l’Asie qui est en regard, afin que cette mer de l’Archipel avec ses cent îles lui appartînt tout entière, et fut enserrée de toutes parts dans ses états ; il enleva donc sans autre explication des provinces de la Turquie d’Asie au sultan, déjà chassé de l’Europe, et qui ne sut comment protester contre un pareil envahissement. Une partie de l’Anatolie, depuis l’extrémité orientale de la mer de Marmara jusqu’à Rhodes, avec Mitylène, Rhodes et Smyrne, appartint à l’Europe impériale, et le détroit des Dardanelles ne dut plus baigner deux parties du monde, comme si lui-même, en les séparant jusque-là, n’eût appartenu à aucune.