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L’empereur, sans s’occuper de sa blessure, réunit à une lieue de Saint-Jean-d’Acre les restes de l’armée, et il effectua sa retraite dans la direction de Jérusalem. Sa marche, au milieu d’ennemis enhardis encore par la victoire, fut considérée comme une des plus admirables dont l’histoire militaire du monde ait conservé le souvenir : pas un seul homme ne périt. Les corps mêmes des blessés qui expirèrent dans la marche ne furent pas abandonnés par l’armée vaincue.

Il faut avouer cependant que l’armée du sultan, enivrée de son triomphe, s’était peu occupée de poursuivre les Français dans leur retraite. Pour elle, c’était chose si grande et si glorieuse que cette victoire, que le sultan aima mieux demeurer sur les plaines où il avait vaincu, et jouir entièrement de son triomphe, que d’en poursuivre activement les conséquences.

À dix heures du soir, l’armée française, épuisée de fatigue, fit halte à quatre lieues environ de Saint-Jean-d’Acre, près le village d’El’mayr, dont l’empereur s’empara sur-le-champ. Il fit reposer ses troupes ; et lui-même, retiré dans une maison du pays, y demeura inaccessible à qui que ce fut pendant toute la nuit : nuit de