Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/274

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gnifique des monuments du monde. D’autres ordres et d’autres dispositions firent encore éclater l’enthousiasme religieux dont son cœur et sa politique avaient été si subitement saisis ; il voulut également que l’armée défilât tout entière devant le saint sépulcre, et traversât la ville sur tous les points que la tradition chrétienne regardait comme des plus sanctifiés. Et lui-même, étant monté vers la fin du jour sur le mont des Oliviers, il contempla son armée serpentant de toutes parts dans les rues régulières mais étroites de la ville, les remplissant toutes, et animant d’une vie inaccoutumée cette Jérusalem qui semblait morte elle-même depuis qu’un Dieu y avait succombé.

Quand cette première incertitude des soldats et des officiers, qui hésitaient devant le sentiment depuis si long-temps oublié de la religion, eut cédé à une réelle et profonde impression, il arriva que l’armée européenne se crut véritablement, au milieu de Jérusalem, une mission divine. Cette croisade subite, venue peut-être pour un tout autre but, se trouva chrétienne. L’exaltation religieuse les eut bientôt enflammés tous ; elle circula dans l’armée entière comme dans un seul corps, et ce corps, en effet, venait de gagner une âme.