Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/306

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reparaissait à l’air ; elle sentait ses entrailles ouvertes et respirer, ses rues frappées de nouveau des rayons du soleil, et sa vallée renaître enfin au monde. Il semblait, à la voir se relever de jour en jour, qu’elle n’avait rien perdu, tant l’indestructible construction de ses murailles avait, dans ce climat conservateur, gardé leurs formes sous des profondeurs de deux cents pieds de sable et de terre ; et à peine revenue à la vie, elle en avait déjà tout le tumulte et l’agitation, comme si elle eût retrouvé sa population d’autrefois dans les millions d’hommes qui la repeuplaient en la ressuscitant.

Inspiré par Hérodote, et son livre à la main, Napoléon rendait leurs noms à tous ces débris. Les quais furent reconnus presque tout entiers ; quelques-unes des cent portes d’airain furent retrouvées, de ces portes dont le Seigneur avait dit en parlant à Cyrus, selon le témoignage d’Isaïe : « Je marcherai devant vous et je romprai les portes d’airain. » Un autre Cyrus venait en découvrir les débris. On suivit les traces des murs d’enceinte : ce grand carré régulier dont l’antiquité parle reparut, ainsi que les quarante tours s’élevant encore au dessus des murailles ; car ce mélange éternel de briques et de bitume les avait conservées comme aux premiers